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Amélioration
et Création Variétale
:
Un
siècle de production et de distribution
Dans son "Histoire des légumes", M. Gibault (1912) évoque "la main intelligente de l'homme" en matière d'amélioration et de création variétale. Patiente et courageuse, aurait-il pu ajouter tant l'amélioration des plantes est une pratique exigeante et parfois ingrate.
Elle est en effet souvent peu perceptible par le consommateur qui ignore combien d'années de recherches et d'effort il a fallu pour éliminer du haricot la terrible anthracnose - champignon fatal aux jeunes plantules - pour obtenir l'incomparable saveur des Gariguettes ou encore créer une variété de poivron résistante au mildiou du piment ...
Les préoccupations de la recherche variétale au cours du XXe siècle présentent quatre tendances qui se succèdent et s'additionnent au fil du temps :
Un thème de recherche domine à chaque époque : les résistances aux maladies et aux ravageurs.
Les sélectionneurs du début du siècle cherchaient à obtenir des produits de qualité constante. Un des effets de la sélection massale* - pratique la plus courante à l'époque - est une certaine hétérogénéité des productions ; dans un même champ poussent des individus différents.
* sélection massale : sélection d'un groupe d'individus dans une population de plantes plus où moins hétérogènes sauf dans le cas des arbres fruitiers où l'on peut reproduire à l'identique un individu par greffage.
Au lendemain de la guerre, le mot
d'ordre est simple : nourrir la population. Généticiens
et sélectionneurs s'attachent à améliorer les
rendements.
On développe largement l'utilisation de la sélection
sur descendances*.
* Sélection sur descendances : elle permet au fil des générations - après observation des "descendants" de prédire la valeur génétique des parents et des futurs descendants, donc de choisir et de croiser les géniteurs qui présentent les caractéristiques recherchées. On obtient par cette méthode des variétés bien typées, distinctes et homogènes.
Dans les années 70, la
crise du pétrole engage tout un chacun à "avoir des
idées". Il s'agit donc pour nos "améliorateurs" de
travailler les variétés dans le sens de
l'économie d'énergie.
Autrement dit, mettre au point des plantes qui valorisent mieux les
intrants - tout en conservant des rendements élevés -
pour réduire les coûts de production. Les plantes
doivent donc résister davantage aux maladies, "profiter" au
mieux des engrais.
Les recherches sur les résistances aux maladies et aux ravageurs dominent encore de nos jours. Mais, limiter les traitements phytosanitaires n'est plus seulement réduire les coûts de production : c'est avant tout respecter l'environnement et la santé du consommateur.
Par ailleurs, depuis plusieurs années maintenant, les professionnels ont mis en place des programmes de recherche sur la qualité des produits (en particulier sur le goût...).
Une des tendances du troisième millénaire est la diversification des cultures : elle permet sur une espèce de produire des variétés finement adaptées à des utilisations spécifiques (consommation nature, cru, cuit, transformation ...) et de créer des variétés précoces ou tardives pour étaler les périodes de récolte et de commercialisation.
On s'intéresse de plus en plus aux qualités nutritionnelles des fruits et des légumes ; il est vraisemblable que la sélection s'implique à long terme dans cette voie.
On compte 10 à 15 ans pour la création d'une variété du projet à la mise sur le marché d'un produit.
Définition des objectifs : que veut-on obtenir ? Une tolérance à une maladie, une plus grande précocité, une saveur particulière, une coloration ... en maintenant des rendements satisfaisants.
Choix dans les collections de variétés qui possèdent les caractères recherchés. Ces derniers sont souvent dispersés dans différentes variétés "exotiques" ou sauvages.
Evaluation, mesures, caractérisation : les variétés choisies sont cultivées puis on sélectionne les individus les plus intéressants. L'hérédité* des caractères est analysée.
* Capacité de transmettre ses caractères aux descendants.
Plan de croisement : on envisage de façon théorique les croisements à réaliser.
Mise en
uvre et expérimentation :
les premiers croisements sont faits en serre ou dans des parcelles
expérimentales. Puis par sélection dans les
générations successives, on obtient des descendances
homogènes qui sont alors expérimentées chez des
agriculteurs, dans différentes zones de production. Ainsi, les
cultures sont réalisées à plus grande
échelle, dans différentes conditions
pédoclimatiques.
Après plusieurs années on choisit, par zone de
production, le lot qui se comporte le mieux, pour devenir une
variété.
Inscription au catalogue officiel : la future variété doit être ensuite observée par le GEVES (Groupement d'Etudes des Variétés et Semences) et répondre favorablement aux critères de DHS (distinction, homogénéité, stabilité) pour être inscrite au Catalogue Officiel des Variétés. Elle pourra alors être mise sur le marché. Une variété inscrite à un catalogue national est automatiquement inscrite au catalogue Européen.
Diffusion : production de semences par les agriculteurs multiplicateurs et vente par les établissements semenciers.
Les Hybrides F1
La sélection fait un bond en avant grâce à l'hybridation de lignées pures. On obtient par une série d'autofécondations (la plante est fécondée par son propre pollen) une "lignée pure", homozygote. On choisit deux lignées pures différentes comme parents de l'hybride que l'on souhaite créer. Le résultat de ce croisement est un hybride F1. Il présente davantage de vigueur que ses géniteurs, les produits sont conformes aux objectifs de la recherche. Ce type de croisement est aujourd'hui massivement utilisé : l'intérêt est ici de combiner dans un même individu des caractères intéressants. Les lignées pures sont entretenues chez les sélectionneurs-semenciers et les semences d'hybrides y sont produites. D'où le développement considérable du secteur semencier ces dernières décennies.
LA CULTURE IN VITRO
Parmi les premières applications agronomiques de la culture in vitro, la culture de méristème représente une découverte essentielle dans l'obtention de plantes indemnes de virus :
Le méristème est un organe qui est le siège de la croissance de la plante. Dans les années 50, M. Limasset et M. Cornuet (INRA) ont observé que sur des plantes infectées par un virus ou une bactérie le méristème était indemne. A la lumière de cette découverte, M. Morel a entrepris de régénérer in vitro (dans un milieu artificiel de culture, en laboratoire) un dahlia à partir de cette zone saine. Cette technique, encore utilisée aujourd'hui a permis de sauver de nombreuses espèces ou variétés (la pomme de terre Belle de Fontenay par exemple) atteintes de viroses graves.
La culture in vitro permet également de multiplier par clonage des plantes de haute valeur pour les cultiver ensuite.
SELECTION ASSISTEE PAR MARQUEURS
On peut aujourd'hui cartographier
le génome d'un fruit ou d'un légume, en identifier les
gènes "d'intérêt".
Exemple : repérer un gène impliqué dans le
développement d'un arôme à l'aide de marqueurs
moléculaires. Ainsi, au lieu d'observer les plantes sur
plusieurs générations, on peut repérer en
laboratoire, grâce à ces marqueurs, les
caractères recherchés. Puis les géniteurs les
plus performants sont identifiés sur une seule
génération. De nombreux caractères peuvent
être étudiés en même temps.
LA TRANSGENESE
Il s'agit du processus de transfert et d'intégration au patrimoine génétique d'un organisme vivant d'un ou de plusieurs gènes qui lui sont étrangers (transgène).
On imagine l'étendue des applications de cette méthode, en particulier pour ce qui concerne les gènes de résistance aux maladies et la qualité des produits (exemple : augmenter la valeur nutritionnelle d'un produit).
Cependant, en l'absence d'un recul suffisant sur les conséquences de la transgénèse à long terme (sur la santé et sur l'environnement), le principe de précaution est appliqué. Autrement dit, pour qu'une variété transgénique soit commercialisée en France, il faut faire la preuve qu'il n'y a pas de risque lié à la présence du transgène. Cela nécessite du recul.
La conservation des ressources génétiques est en France une "affaire d'Etat", et pour cause, elle représente un patrimoine inestimable dans lequel les chercheurs vont pouvoir puiser pour enrichir leurs travaux.
La coordination des différents organismes de conservation* est assurée en France par le Bureau des Ressources Génétiques. Cet organisme public soutient la recherche, assure la représentation à l'étranger et a élaboré une charte pour la gestion des ressources génétiques.
* GEVES, INRA, CIRAD, collectionneurs privés et semenciers privés, amateurs, associations pomologiques, conservatoires bontaniques nationaux ...
Source APRIFEL